vendredi 8 juin 2012

Peut-être que les enfants, même en bas âge, peuvent interroger le monde à travers le théâtre. Les quatre petits coins de rien du tout et Ubu répondent à une envie de créer un spectacle pour le jeune public présentant les mêmes thématiques que celles réservées aux adultes, afin de semer une graine sur la question de l’identité et du destin.

L’histoire d’un spectacle... racontée par Béatrice Moulin
Il y a peut-être 15 ans, je découvrais sur la table de chevet de mon fils "Quatre petits coins de rien du tout". La simplicité totale et l’absolu avec lesquels se racontait l’histoire me captivèrent.
Le respect fait aux enfants en abordant un sujet grave avec l’intelligence de la tendresse me convainc de l’adapter un jour sur une scène de théâtre. La même rencontre eut lieu quelques années après avec "Ubu".
La distance qui existe entre la difficulté et le sérieux des deux histoires et leur mise en  textes et illustrations, me plaît particulièrement : en effet ici pas de propagande et pas de certitude.
De prime abord, on pense certains personnages ronds, carrés, noirs, bleus... mais ici l'auteur/illustrateur dépeint des personnages partagés, dans leurs doutes et leurs convictions, des antihéros cerclés de murs et/ou  de règles en quête de solution, sans accepter de renonciation.
C’est magnifiquement théâtral la vie d’une communauté en conflit ; que l’on soit carré ou gris ! D’autant qu’on nous le montre ici avec un souci de simplicité sans niaiserie avec les petitesses que comporte toute collectivité humaine, et la difficulté de se plier à la règle comme à la soumission de ses supérieurs.
Petit carré subit des petits ronds insupportables de bonnes intentions; il se tord, se plie... mais à l’immuable, tous ensembles, ils répondent par une dimension supérieure et transgressent la règle.
Petit Gris, malgré sa neutralité, subit la règle injuste et aveugle, et est englouti à son tour par le Roi Ubu. Délivré, il se mettra en quête de briser son silence poli et obéissant.
De ces contradictions les deux protagonistes se libèreront, grandis.
Ces histoires me passionnent car elles stigmatisent le risque de la routine et la tiédeur dont nous devons éclairer les enfants ...mais aussi les grands... et que la réalisation d'une vie en communauté est une épopée quotidienne.

On ose ainsi imaginer que les mots, les images de ce spectacle, c'est selon, seront des ponts ou des pansements.